William Klein, au sale et au naturel
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Aujourd’hui, nous souhaitons rendre un hommage au photographe américain irrévérencieux William Klein, décédé le 10 septembre dernier à l'âge de 96 ans. C’est l'un des plus importants photographes contemporains qui s’en est allé, considéré comme "le” photographe de la rue en raison de son inertie à dépeindre des images des rues du monde entier. Nous partageons avec vous une sélection de son travail.
Un photographe emblématique
Si l'on veut passer en revue l'œuvre de William Klein, on ne peut oublier son emblématique GUN.
Pistolet (1955)
Il s'agit d'une photographie sur laquelle on peut voir deux enfants au premier plan, qui pointent une arme directement vers l'objectif de l'appareil photo. Dans cette photographie, nous pouvons voir le portrait sale et naturel des rues de l'époque, ainsi que le mépris des règles et l'anarchie qui y règne. Certains ont qualifié cette photographie de film néoréaliste en une seule image. C'est certainement quelque chose qui nous dit beaucoup avec très peu.
Après avoir brièvement étudié la peinture, William Klein est entré en contact avec la photographie alors qu'il travaillait pour un architecte en tant que jeune artiste. Il avait peu d'idées préconçues sur la pratique photographique et, utilisant tous les outils du photographe (composition, exposition et mise au point) avec une confiance farouche, il a procédé à la création d'un langage visuel unique qui a fait de l'accident un atout.
L’âme d’un rebelle
Klein était l'un des photographes de rue les plus rebelles de l'histoire. Il s'est opposé à toutes les traditions de la photographie, telles que la composition, l'utilisation d'objectifs grand angle, le flou de ses photos, le zoom et la personnalisation, l'interaction avec ses sujets, la création d'images granuleuses et très contrastées, il a choqué l'ordre établi du monde de la photographie.
Né le 19 avril 1926 à Manhattan (New York), artiste pluridisciplinaire, il a notamment révolutionné plusieurs domaines de la photographie. Ses ouvrages sur les grandes capitales mondiales New York, Rome, Moscou, Tokyo, Paris, ont concouru à faire de lui l’un des photographes les plus illustres et influents de sa génération.
Fils d'immigrés juifs hongrois, William Klein, après des études de sociologie au prestigieux City College of New York où il avait été admis à l’âge de 14 ans, effectue, de 1946 à 1948, deux ans de service militaire dans l’armée américaine, comme opérateur radio à cheval dans la 2e division blindée en Allemagne et en manœuvres dans le cadre de l'OTAN dans l’est de la France.
En 1947, il se rend pour la première fois à Paris, puis, dans le cadre de la loi G.I. Bill d’aide aux vétérans, reprend des études de sociologie à la Sorbonne, en plein Quartier latin, en 1948. Il se joint à un groupe d’Américains et de Français démobilisés comme lui dont le peintre Ellsworth Kelly. La même année, il tombe amoureux de Jeanne Florin, qu’il épouse et avec laquelle il partage sa vie et travaille jusqu’à la disparition de cette dernière en 2005. Ensemble, ils ont un fils, Pierre.
Bénédiction papale sur la Piazza San Pietro (1955)
La représentation de la vie quotidienne que William Klein exprime dans son œuvre est telle que le réalisateur Fedderico Fellini lui-même l'appelle pour travailler avec lui. Dans cette photographie on retrouve une grande partie du cinéma de Fellini. On y trouve une photographie qui pourrait parfaitement être une image d'un des films du réalisateur, avec une représentation de la foule de Rome, crasseuse, collante et immortelle.
« Qu’était la photographie pour moi? Venu d’une peinture géométrique hard edge d’où le monde extérieur était exclu, c’était une fenêtre ouverte sur la vie. Je pouvais montrer comment je la voyais et ce que j’en pensais. »
Club Allegro Fortissimo (1990)
En guise de dernière contribution, nous aimerions parler de cette photographie, qui représente un groupe de femmes de grande taille dans un bain turc. Toutes posent pour l'appareil photo, reflétant le naturel du corps humain sans aucune sorte de complexe. Sans aucun doute révolutionnaire pour l'époque.
Le photographe a reçu, entre autres, le Grand Prix National de France, le prix Hasselblad en Suède et un prix pour l'ensemble de sa carrière de l'American Institute of the Arts de New York.
Klein est mort "paisiblement" ce 13 septembre 2022, a annoncé sa famille. Il laisse un héritage inestimable dans le monde de la photographie documentaire et de rue, mais aussi dans celui de la mode et du cinéma.
« Photographier, c’est un moment de transe. Quand on peut saisir beaucoup de choses à la fois, quand je peux sentir que la photo va être bonne... J’attends que tout se mette en place, je sais que ça va se passer.... Alors je cadre, j’arme, je déclenche. »
Jack Solle et Carolina Luna
Fondateurs de Préludes Photo, nous sommes férus de photographie de rue, de voyage et de paysage, et transmettons notre passion pour la narration visuelle à la croisée de nombreux chemins photographiques dans les formations que nous proposons en France et à l’étranger.
