Voyageurs : une exploration du pèlerinage gitan
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Depuis 2023, nous nous rendons au pèlerinage gitan des Saintes-Maries-de-la-Mer au cœur de la Camargue pour un stage photo axé sur la narration visuelle et l’essai photographique. Quelques semaines après le stage, tous les participants doivent présenter une série photo réalisée durant le pèlerinage L’année dernière, je me suis également plié à l’exercice.
Comment parler d’un événement si singulier comme le pèlerinage gitan des Saintes-Maries-de-la-Mer sans en appauvrir le propos ou la puissance ?
Les mots ne tombent-ils pas à plat à l’heure de décrire la sensation d’appartenir, ne serait-ce que pour un court instant, à une foule dont la résonance à l’unisson des battements de son cœur lie ses membres dans la ferveur et l’allégresse.
Probablement. Assurément. Et pourtant.
Et pourtant.
Les mots ne sont jamais de trop.
Jamais de trop pour évoquer le Peuple nomade se réunissant en bord de mer pour célébrer Sainte Sara, la Vierge Noire, lors d’une communion camarguaise hors du temps.
Tandis que les corps se frottent et se mêlent, les appareils photo eux, rugissent, s’activant au rythme des bénédictions, des chants, et de la danse dans le but de capturer l’essence de ce peuple de déplacés, qui, parés de mille feux, ne cessent de marcher.
Aux sons des guitares, cette grande famille nulle part chez elle et partout à domicile porte sur ses frêles épaules autant la tradition que l’ironie.
Tour à tour, le loufoque croise le sacré, le religieux le touristique, dans ce lieu devenu objet de fascination, créant un spectacle mirobolant de couleurs et d’expressions baignées par la lumière des Saintes.
Chanter
Danser
Prier
Rire
Pleurer
« Parce que ma vie je préfère la vivre de cette manière », dit le voyageur, rappelant par la-même le credo du photographe, dont la nature est celle d’un être entretenant avec ses images une relation intime similaire à celle que d’autres célèbrent avec Dieu.
Texte et photos : Jack Solle