Vous ne prenez pas une photo, vous la faites !
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Ce qui suit est une transcription de la vidéo ci-dessus.
Aujourd’hui, on explore la philosophie captivante du légendaire photographe Ansel Adams et de ses implications au XXIe siècle à l'ère du tout numérique. Dans cette vidéo, nous plongeons dans l'idée selon laquelle une photographie ne se prend pas, mais se fait !
La différence entre prendre et faire une photo
Le célèbre photographe américain Ansel Adams a dit un jour : "Vous ne prenez pas une photographie, vous la faites". À une époque où des milliards de photographies sont visionnées, consommées, chaque jour sur la toile, où les images qui nous entourent perdent en valeur et en capacité sensible, cette phrase continue de résonner jusqu’à nous.
Quelle est la nature, quelle est l'intention des images que nous voyons ? Quelle est la responsabilité que nous portons, nous photographes? Et si plutôt que de “prendre” des photos nous commencions par les “faire” ?
Bien qu'à première vue, prendre ou faire une photographie puisse sembler similaire, voire être compris comme des synonymes, nous allons voir que cette distinction subtile en apparence est associée à plusieurs concepts qui peuvent nous aider à mieux comprendre ce qui différencie une photographie en tant qu'œuvre artistique d'une photographie prise de manière purement automatique. Lorsque nous parlons et utilisons le terme "PRENDRE des photos", nous avons tendance à faire référence au simple fait d'appuyer sur le bouton de l'obturateur. Ce clic, considéré dans son aspect purement mécanique, est une action vide, celle-ci ne nécessitant pas la moindre connaissance en photographie. Tout le monde peut le faire.
Pas besoin de réglages, ou de changer des paramètres pour que la photo soit correctement exposée ou pour donner un sens artistique à l’image. Vous voyez certainement où nous voulons en venir… Prendre une photo, c’est comme utiliser le mode auto de notre appareil. Une photo s'exécute, mais celle-ci manquera dans l’extrême majorité des cas d’une véritable âme.
Attention, il n’est pas question ici de dénigrer l’usage de ce mode, qui en soit permet à un très grand nombre de s’exercer à la pratique de la photographie, et se révèle souvent comme une porte d’entrée vers une pratique plus assidue et approfondie, favorisant de ce fait la démocratisation de la photographie. Mais cela implique également que vous n’accordez pas de valeur au travail, oui travail, nécessaire, pour que ce cliché produise quelque chose d'intéressant.
D'un autre côté, “FAIRE une photo”, c’est quelque chose de totalement différent, c’est un défi. Cette action demande un certain niveau de connaissances, de compétences techniques, mais aussi de talent, talent qui nécessite forcément sa dose de travail en amont.
Pour FAIRE des photos, il faut ajuster les valeurs et les paramètres qui influencent la prise de vue : l'exposition, l'ouverture, la vitesse d'obturation, l'ISO, mais aussi la mise au point, la composition, le cadrage de l'image, les conditions et la gestion de la lumière . La définition du terme "faire" présuppose ici un projet organisé dans un but précis, utilisant la photographie pour explorer en profondeur nos idées sur un sujet donné. Elle s'oppose à une manière plus directe, décontractée ou détendue de prendre des photos.
De plus, faire des photos se révèle quelque chose de poétique, de magique, et c'est bien plus qu'appuyer sur le déclencheur. Cette action ouvre la voie à la créativité, à la subjectivité et à l'accomplissement du véritable objectif de la photographie. Elle va au-delà du simple clic.
En adoptant cette approche, plus ambitieuse, plus stimulante, on est amenés à réfléchir et à travailler de manière plus consciente, nous permettant de développer une philosophie personnelle sur la pratique photographique et les moyens de chercher et de trouver des solutions créatives à nos idées.
Visualisation et intention
Ansel Adams met en avant l'importance d'adopter une approche active envers notre environnment; il s'agit de comprendre nos motivations, ce que nous cherchons à exprimer et surtout comment le faire. C'est ce que l'on pourrait appeler l'INTENTION du photographe.
Cette idée est un concept très important pour nous chez Préludes et nous l’emploierons sans doute encore et encore à mesure que nous diffuserons les différents contenus que nous vous proposerons. Si nous vous parlons de William Eggleston, Henri-Cartier Bresson ou le photographe clé de cette vidéo : Ansel Adams, nous pouvons rapidement identifier une image, des sujets d'intérêt ou des styles avec lesquels ils ont produit leurs nombreuses images restées gravées dans la mémoire collective. C'est-à-dire que nous pouvons décrire le quoi et le comment de leur travail photographique et c'est ce qui fait la différence entre quelqu'un qui prend des photos juste pour avoir une "belle" photo souvenir ou pour la mettre en ligne sur les réseaux, et quelqu'un qui s'exprime à travers son art, avec l'intention de montrer ou de raconter quelque chose. À la notion de beauté nous préférons ainsi celle de poésie.
De notre point de vue, une image se doit d’être poétique, car oui, nous photographes, sommes d'une certaine manière, des conteurs, des narrateurs. Nous transmettons des idées à travers nos images. C’est un pouvoir, un grand pouvoir.
Et comme tout grand pouvoir, celui-ci implique de grandes responsabilités, en tant que créateurs d'images bien sûr, mais aussi en tant que spectateurs, en tant que “consommateurs” d’images. En 2013, l'artiste chilien Alfredo Jaar a réalisé une installation dans laquelle il a cité la fameuse phrase d’Adams pour mettre l'accent sur l'intention des photographies. L'artiste y expose la citation en donnant au visiteur de l’exposition la possibilité d'en arracher une copie et de l'emporter avec lui. Jaar nous montre que les images contiennent des conceptions du monde, qu'elles sont utilisées pour vendre non seulement des produits mais aussi des idées. Et aujourd'hui, elles sont partout. C'est pourquoi il est nécessaire d'apprendre à percevoir réellement chacune d'entre elles et leurs contextes. Il nous invite ainsi à analyser à la fois l’éthique et les relations de pouvoir inhérentes à la pratique de la photographie, et nous laisse contempler les implications de cette phrase qui, aujourd'hui encore, avec l'avènement de l'intelligence artificielle, est plus que jamais d'actualité.
L’héritage d’Ansel Adams
Mais revenons un moment à Ansel Adams. Celui-ci avait certes une intention claire pour ses images, mais il était aussi très méthodique. Il pensait que c'était en suivant méticuleusement le parcours de l'image, de sa conception à sa sortie de la chambre noire, que l'on pouvait faire ressortir cette intention.
Cette méthode, ou même cette "philosophie" pourrait-on dire, est ce qu'il appelait la VISUALISATION. Grâce à celle-ci, Adams imaginait sa photographie avant même de la prendre, la visualisant comme le produit final, pensant à l'avance au sujet, au cadrage et au point de vue, mais aussi à l'atmosphère, au contraste et à l'intensité des couleurs ou en l’occurence, du noir et blanc. C’est une approche que nous photographes de l’ère numérique, qui capturons souvent des centaines images en une seule journée, pourrions certainement adopter afin d’affiner notre regard.
En ce qui concerne l'intention photographique d'Ansel Adams, bien qu'il ait exploré différents genres tels que le portrait et la photographie en couleur, ce sont surtout ses clichés des vastes paysages américains, notamment des montagnes de Yosemite, des geysers et des terrasses naturelles de Yellowstone, qui se démarquent dans sa carrière.
Adams s'est profondément engagé en faveur des parcs naturels, consacrant sa vie à cette cause. Grâce à ses photographies et à son activisme en faveur de la préservation de la nature, il a contribué à faire du Grand Canyon, situé dans le sud de la Sierra Nevada, un parc national en 1940, une mesure cruciale pour protéger l'un des paysages les plus grandioses d'Amérique du Nord. Sans conteste, ce photographe, avec son œuvre et ses méthodes, a laissé un héritage majeur qui nous encourage à réfléchir à notre propre pratique et à aborder des questions similaires à celles que nous avons tenté d'explorer aujourd'hui.
En conclusion
Pour conclure, si ce n'est pas déjà fait, nous vous encourageons à approfondir vos connaissances sur ce photographe. Ansel Adams a indéniablement laissé une empreinte durable sur la photographie, faisant de cet art ce qu'il est aujourd'hui. N'hésitez pas à partager vos réflexions dans les commentaires, et si cette vidéo vous a plu, pensez à vous abonner à la chaîne, à liker ou à partager. À bientôt !