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Maxime Pronchery, le photographe qui a capturé l’essence d’Istanbul


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À la fin des années 90, voulant mixer une passion naissante et une perspective professionnelle, Maxime Pronchery suit un cursus CAP et Bac Pro photographie. Après l'obtention de ces diplômes, il travaille un temps dans le milieu professionnel, mais paradoxalement, cette voie l'éloigne de sa passion. Il abandonne alors la photographie dite professionnelle pour assouvir sa passion comme il l’entend. La street photography dans toute sa diversité inspire Maxime, multipliant les voyages pour ensuite égrainer ses nombreux clichés à Saint-Etienne, sa ville natale. Nous l’avons rencontré il y a quelques mois de cela à l’occasion de sa première exposition personnelle dédiée à son travail photo sur la ville d’Istanbul, un territoire que nous apprécions tout particulièrement chez Préludes. Entretien.

Préludes Photo (P.P.) : Salut Maxime, peux-tu nous parler de ton parcours dans la photographie, depuis tes débuts jusqu'à aujourd'hui? Comment en es-tu venu à te consacrer principalement à la street photo et à ce que nous aimons appeler "l'image poétique" ?

Maxime Pronchery (M.P.) :

Depuis mes débuts dans la photographie, j'ai évolué en passant d'un cursus professionnel, à une approche plus artistique en tant qu'auteur. J'ai rapidement quitté le milieu professionnel centré sur les mariages et les reportages pour me consacrer à la photographie qui me passionnait vraiment. Après avoir mis fin à cette première étape, j'ai travaillé à côté pour financer mes propres projets photographiques, me permettant d'explorer et de voyager, ce qui était ma véritable ambition.

Habitant Saint-Étienne et avec un temps limité de vacances, j'ai choisi ma ville natale comme terrain d'entraînement photographique, malgré les avis négatifs de ceux qui pensaient qu'il n'y avait rien à photographier ici. Pour moi, Saint-Étienne était l'entraînement, et mes voyages constituaient la compétition. Mon objectif était de devenir bon là où je vivais avant de partir en voyage et de ramener des images qui me plaisent. Ainsi a débuté mon parcours.

Parallèlement, mon intérêt pour la photographie s'est élargi à diverses formes, et ma passion pour les livres photo a contribué à enrichir mon approche. Mon premier voyage significatif a eu lieu en 2008 à Istanbul, équipé simplement d'un Bronica RF645 (appareil moyen format télémétrique sorti au début des années 2000). C'était le début d'une exploration plus large de la photographie.

P.P. : Comment cette décision de suivre ta passion sans contrainte a influencé ton approche de la photographie ?

M.P. : C'est une question de liberté. Quand tu photographies pour quelqu'un d'autre, tu as des contraintes, et cette ligne directrice imposée par l'autre me contraignait trop. Donc je me suis totalement affranchi de l'idée de vouloir gagner ma vie avec la photographie mais je voulais gagner ma vie POUR faire de la photographie.

P.P. : Parlons maintenant de ton travail "J'écoute Istanbul, les yeux ouverts", que tu as exposé en début d'année chez Jeito à Saint-Étienne. Comment a-t-elle pris forme cette série ?

M.P. : Je suis parti à Istanbul comme je le disais en 2008, en travaillant essentiellement en noir et blanc. J'y suis ensuite retourné en 2014, sauf que là, j'avais changé de format. J'étais avec un Leica M6 ainsi que mon premier appareil numérique, le Fujifilm X-Pro 1, qui m'a permis de réaliser les premières images en couleur sur ce travail. Car entre temps j'avais acheté le célèbre bouquin d'Alex Webb qui m'avait véritablement giflé si je peux dire, et qui encore maintenant, reste pour moi une référence de dingue. Et je me suis dit en voyant ce livre : "Arrête le noir et blanc. La couleur, il y a des choses hyper intéressantes à faire avec.

Je fonctionne beaucoup à l'influence. Je crois qu’on n’invente rien, on est toujours sous influence. J'ai donc commencé à photographier réellement en couleur car je voulais donner ma version couleur d'Istanbul, en essayant à mon échelle d’apporter quelque chose de plus à ce que j'avais auparavant réalisé dans cette ville.

J'y suis enfin retourné en 2022, avec l’idée de faire la première exposition de Jeito Photo, dont le directeur Louis Perrin m'avait parlé. Je me suis dit avant de partir : "Il me manque quelque chose". Ce n'était pas abouti. J'y suis retourné travaillant encore une fois en couleur. Je suis beaucoup allé dans certains endroits grâce aux photographes et aux photographies que j'admire, sans nécessairement faire un parallèle ou une comparaison, mais en essayant, à ma petite échelle, de donner mon propre regard sur l'endroit. De là est finalement née l'exposition qu'on a créé ensemble chez Jeito.

P.P. : Istanbul, c'est une ville aux multiples facettes, entre tradition et modernité, Orient et Occident. Comment est-ce que tu as réussi à capturer cette dualité dans tes photographies ?

M.P. : Je ne suis pas sûr que mes photos traduisent vraiment cette dualité. Ce que tu perçois en visitant l'endroit, je ne sais pas si mes photos le reflètent réellement. Quand je voyage, je n'ai pas de thème prédéfini ni l'intention d'exprimer quelque chose en particulier. Mon approche consiste à me laisser guider par le moment, par mon expérience. Mon seul concept est de m'autoriser à être réceptif à toutes les anecdotes visuelles qui se présentent. Ensuite, parfois cela fonctionne, parfois pas.

Istanbul est un carrefour, chargé d'une histoire impressionnante et du poids historique de ses nombreux changements de nom, de Constantinople à Byzance. C'est un lieu fascinant, mais je ne suis pas sûr de réussir à le retranscrire véritablement dans mes photos. Il m’est en tout cas difficile de l’affirmer.

P.P. : Le fait d'utiliser à la fois du noir et blanc et de la couleur, de photographier en argentique et en numérique, de passer d'un format à un autre, de ne pas te cantonner à un seul langage.. comment tout cela a contribué à enrichir la narration de ton travail ?

M.P. : Les voyages plus récents et les plus anciens sont séparés de quatorze ans, ce qui signifie une évolution personnelle marquée par des références et des envies différentes. Je vois cela comme une évolution au niveau des influences, guidée par l'affect et l'instant ressenti, en fonction des appareils à ma disposition. Contrairement à ceux qui opposent les techniques et les approches, je trouve qu'il peut y avoir une complémentarité remarquable entre elles. Cette perspective a été renforcée lors de la préparation de l'exposition.

P.P. : Y a-t-il eu des rencontres qui t'ont particulièrement marqué ?

M.P. : Quand je voyage seul, je ne cherche pas nécessairement le contact avec les autres, mais parfois, ce sont les autres qui viennent à moi, et je leur parle. À l'instar de Klavdij Sluban, ce grand photographe qui se décrit comme "un chien errant", cette approche me convient bien. En réalité, j'ai peu de liens avec les personnes que je photographie. Ce sont plutôt les situations qui m'accompagnent et qui me marquent, que ce soit à Istanbul, à Jérusalem ou dans les Balkans.

P.P. : Tu évoques le poème d'Orhan Veli, "J'écoute Istanbul, les yeux fermés", qui a inspiré le titre de ton travail. Comme ton attrait pour les mots influe sur ton travail ?

M.P. : C'est compliqué comme question... On en revient aux influences. Elles ne sont pas forcément que photographiques, pas que visuelles. Elles l'étaient dans mes premières années de pratique. Et ensuite sont venus le cinéma, la littérature et la poésie.

Étymologiquement n’oublions pas que la photographie signifie "écrire avec la lumière", donc cette capacité de la photographie à faire ressentir des choses poétiques est là, inscrite dès le départ. Pour moi c'est un tout en fait. Ce n'est pas la "belle" photo qui m'intéresse, c'est la "bonne" photo, celle qui te touche en plein cœur.



P.P. : Qu'est-ce qui rend cette ville si spéciale à tes yeux ?

M.P. : En tant que photographe, Istanbul a une place spéciale pour moi. C'est la première ville où je suis allé seul, me consacrant pleinement à la photographie pendant une dizaine de jours. Cette expérience solitaire en a fait un lieu unique pour moi. Istanbul est également une ville mythique, avec ses rives en Asie et en Europe, et le Bosphore en son centre, magique. Au fil du temps, elle m'a toujours attiré, m'invitant à y revenir. Avec cette exposition, j'ai maintenant clos un chapitre, mais la possibilité d'un retour reste ouverte.

P.P. : Nous organisons à Istanbul du 2 au 9 mars 2024 un voyage photo unique. Quels conseils donnerais-tu aux futurs participants pour exploiter au mieux le potentiel photographique de cette métropole ?

M.P. : La lumière est cruciale, donc je recommande de découvrir la ville tôt le matin et tard dans l'après-midi. Explorez la rive asiatique, moins esthétique en apparence, mais avec un charme authentique. Enfin n'hésitez pas à prendre les Vapur, ces petits bateaux entre les rives, une source incroyable de photographies magnifiques.

P.P. : Un grand merci à toi Maxime, à la prochaine on espère !

M.P. : Merci à vous !



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