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Lumières des Saintes : un pèlerinage photographique


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Nous avons très récemment eu la chance de visiter dans le cadre de la semaine d’ouverture du festival des Rencontres de la Photographie d’Arles 2023 l’exposition Lumières des Saintes. Cette exposition vous plonge dans une histoire photographique captivante du pèlerinage qui se déroule chaque année aux Saintes-Maries-de-la-Mer et offre une perspective fascinante sur l'histoire et la complexité des communautés gitanes, manouches et roms qui se réunissent pour honorer sainte Sara.

Un voyage à travers le temps

L’exposition suit un déroulé chronologique jusqu’à nos jours. À la fin du XIXe siècle, les premiers photographes ont cherché à capturer les manifestations du sacré et à représenter une population qui suscitait à la fois répulsion et fascination. Les images produites par les reporters et les ethnographes ont souvent contribué à renforcer les stéréotypes et la xénophobie. Cependant, dans les années 1930, des artistes en exil politique ou fuyant l'antisémitisme ont choisi de célébrer la liberté et l'insoumission représentées par ces communautés. Les photographies prises pendant la Seconde Guerre mondiale témoignent de la répression et du contrôle exercés sur le pèlerinage, alors que les persécutions à l'encontre des gitans s'intensifiaient.

L’exposition suit une déroulé chronologique et thématique nous invitant à nous plonger dans les différentes approches photo du pèlerinage au cours des décennies.

Ces clichés et documents témoignent de la persécution ciblée dont ont été victimes les communautés "nomades" pendant la guerre. Les forces d'occupation allemandes et les autorités françaises collaboratrices ont orchestré une répression qui a conduit à l'internement de milliers de personnes dans des camps. Malgré les contraintes imposées, le pèlerinage a persisté, bien qu'étroitement encadré par l'Église catholique.

Un héritage en évolution

Après la guerre, le pèlerinage est devenu un lieu de cohésion retrouvée et d'émancipation culturelle, favorisant l'émergence de nouvelles formes artistiques. Toutefois, l'essor du tourisme de masse a également transformé les célébrations et contribué à la reproduction infinie des mêmes images à travers les nouveaux médias. En dépit de cela, des photographes ont su apporter un regard différent. Inspirés par l'humanisme des années 1950-1960 puis par la contreculture des années 1970-1980, ils ont cherché à explorer l'essence singulière et profonde de leurs sujets, ainsi que les rituels renouvelés de la spiritualité. Des expériences immersives et des rencontres avec les participants ont donné lieu à des aventures photographiques uniques, témoignant d'une émotion partagée.

Regard multiples, récits authentiques

Pour la plupart empreintes de spiritualité, les photographies sont exposées dans la récemment restaurée Chapelle des Jésuites du Muséon Arlaten, un cadre somptueux pour célébrer cette histoire.

Parmi les photographes exposés, nous ne pouvons passer sous silence le talent et la contribution exceptionnels de Sabine Weiss, ultime représentante de l'école humaniste qui nous a quitté il y a peu et dont les images intemporelles prises au début des années 1960 captent l'essence même du pèlerinage. De même, les clichés de Lucien Clergue, photographe presque officiel de plusieurs musiciens manouches comme Manitas de Plata nous proposent une rare chronique visuelle de l’évènement durant près de quatre décennies.

Les images produites par Sabine Weiss ont su capturé les instants de fêtes que des moments rares, plus intimes.

Le regard captivant de Lucien Clergue sur les gitans et leur culture : une passion intime immortalisée à travers des années de photographies, contribuant à la reconnaissance et à la célébration de leur héritage artistique, et plus part de la musique.

Photographe allemande victime d’antisémitisme et ayant fuit son pays à l’arrivée d’Hitler au pouvoir, Lore Krüger se rend en 1936 au pèlerinage des Saintes-Maries-de-la-Mer. Ses portraits très plastiques montrent des figures de résistance, de liberté et d’insoumission.

Derrière ces noms très connus, d’autres plus confidentiels (du moins pour nous avant cette visite) comme Jean Dieuzaide et Lore Kruger, qui ont su offrir des images vibrantes et émouvantes témoignant de l'atmosphère du pèlerinage et de l'expression individuelle des pèlerins au fil du temps.

Enfin, plus proche de nous, Jeanne Taris (dont vous pouvez découvrir le travail ici) nous plonge dans un monde fascinant et intime, nous permettant de mieux comprendre la vie quotidienne des participants au pèlerinage.

Menant un travail immersif auprès de plusieurs communautés gitanes, Jeanne Taris photographie les évènement et l’existence ordinaire lors du pèlerinage depuis de nombreuses années.



Une magnifique exposition… et un livre photo

Sous le commissariat éclairé d'Ilsen About, historien spécialiste des peuples tsiganes d'Europe de l'Ouest et des sources photographiques, cette exposition offrant une immersion captivante dans l'univers du pèlerinage aux Saintes-Maries-de-la-Mer a par ailleurs donné lieu à la publication d’un ouvrage du même nom disponible dans toutes les bonnes librairies. À travers les regards des photographes exposés, nous sommes invités à remettre en question les préjugés et les stéréotypes, à explorer la richesse culturelle et spirituelle de ces communautés.

Nous-mêmes chez Préludes photographions le pèlerinage gitan depuis quelques temps déjà et serons ravis d’y donner notre stage photo Ferveur Gitane pour la deuxième année consécutive du 23 au 25 mai 2024. Alors si vous aussi souhaitez apporter votre regard sur cet évènement unique, rejoignez-nous !



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