La fake news de Joan Fontcuberta
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Toute photographie est une manipulation", déclare le célèbre auteur espagnol Joan Fontcuberta, né à Barcelone. Enseignant, critique, artiste, commissaire d'exposition, il est une figure majeure de la photographie contemporaine. En 1997, le photographe Joan Fontcuberta présente à travers une fausse fondation son travail "Sputnik : l'odyssée de Soyuz 2".
Plus vrai que nature.
Perdu dans l’espace.
Ivan le cosmonaute
Fontcuberta y invente de bout en bout l'histoire d'un cosmonaute soviétique nommé Ivan Istochnikov, qui est Joan Fontcuberta traduit en russe. Dans cette fiction, le cosmonaute était perdu dans l'espace et les autorités de Moscou dissimulaient son existence.
Pour appuyer cette fausse affirmation, il manipule plusieurs images en insérant son visage dans des photographies qui reconstituent la vie du cosmonaute. Le montage a eu un tel succès que lorsqu'il a fait sa présentation de Spoutnik en Espagne, les organisateurs ont reçu une plainte officielle de l'ambassadeur russe en Espagne. Le rédacteur en chef d'un magazine d'astronomie a publié avec colère un article reconnaissant que lui-même, un expert, était tombé dans le piège. Un groupe musical a dédié un album au cosmonaute et une émission de télévision a réalisé une monographie sur les mystères spatiaux non résolus et a présenté Spoutnik comme un rapport authentique sans avoir vérifié aucune de ses sources, déclenchant un scandale national.
La fake news avant les fake news.
Documents à l’appui, Fontcuberta nous fait douter de fort belle manière.
Le doute comme étandard
Fontcuberta propose "une pédagogie du doute qui implique de remettre en cause les clichés et les aprioris, c'est remettre en cause ce qui nous est imposé comme indiscutable".
"La photographie, en elle-même, n'est pas une garantie de preuve de quoi que ce soit. L'erreur historique que nous avons commise est d'attribuer à la caméra des qualités et un sens éthique qui, en réalité, ne correspondent pas à la technologie, mais à l'être humain qui l'utilise".